mercredi 15 février 2012

Histoire en Manche ...


Quand Nicolas Beaujon dormait à l'Elysée ...


... Je précise ... où il était chez lui... C'était un financier du XVIIIè siècle, qui fut receveur des finances de la généralité de Rouen. Enrichi dans la spéculation des céréales, il sut habilement faire fructifier ses gains et devînt banquier de la cour en 1770. C'est en 1773 qu'il acheta l'hôtel d'Évreux (qui deviendra Élysée National en 1648... ).
Il n'avait alors que 55 ans, mais ayant sans doute trop sacrifié à la bonne chère, il était devenu pansu, joufflu, à demi aveugle. Tous les soirs à la même heure(9 h), se déroulait le même rituel. Une armée de valets de chambre le porte avec d'infinies précautions dans un immense lit dont le baldaquin est soutenu par des palmiers dans lesquels grimpent de fines branches de rosiers. Les jambes et les bras du pauvre homme sont si gonflés qu'on pense qu'ils vontt éclater... et qu'il ne peut faire un mouvement sans qu'une vive douleur le transperce.
Quand arrivait l'heure du souper, on le mettait dans un fauteuil à roulettes  et on le véhiculait jusqu'à la salle à manger où se trouvaient déjà une quarantaine de convives qui faisaient cliqueter fourchettes et couteaux, se régalant des mets de choix qui leur étaient proposés, dont le fameux vol au vent à la Beaujon... ainsi que la non moins célèbre omelette royale (oeufs de faisans et de perdrix rouges, farcie de crêtes de coqs, de rognons de chapon, de filet de cailles et d'ortolan ... C'est extra pour le cholestérol ! ...).
Le malheureux Beaujon se contentait de regarder ses invités. Les jours de faste, il avit le droit de se régaler d'un misérable plat d"épinards en purée ... C'est que le moindre excès lui aurait été fatal.
Il avait une maîtresse en titre, Mme Fenouillot de Falbaire. Son mari est d'une grande jalousie. Pourtant, il accepte volontiers ce partage... qui n'en est finalement  pas un, car « maîtresse de M. de Beaujon » équivaut pour une femme à un « brevet de continence et de chasteté »... On s'en doutait un peu ...de  plus, cet emploi privilégié était royalement bien payé. Une vrai sinécure ...
Puis laissant ses invités à leurs « folles agapes »... il retrouvait son lit faisait entrer alors de ravissantes jeunes filles, ses « berceuses », dont le babil léger l'endormait. Elles étaient logées au palais. Une autre sinécure ...
Il mourut en 1786, pour la grande peine de ces jeunes filles et de sa maîtresse qui perdaient une situation en or .



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